Reçu de nos partenaires le 04 nov 2023 : Bonjour, J'espère que vous allez bien. Je partage avec vous le CR d'une rencontre à laquelle on était invités. Il s'agit d'une quinzaine d'écoles publiques, nos partenaires pour la plupart, qui n'ont toujours pas rouvert leurs portes 5 semaines après la réouverture officielle des classes. Certains directeurs sollicitent l'aide du CET pour la plateforme Lekol en plein chantier depuis la fin des examens officiels en juillet denier. A+ Affections, Étienne Rencontre Mondiale de l'INEE "Haïti et le bien-être des acteurs de l'ESU et le personnel enseignant" 23 Octobre 2023 Heure : 09h00-10h30 Réunion en ligne (Zoom) Participants : INEE, ONAPE, Délégation de l´UE en Haïti, NRC Niger, Fédération des Ecoles Protestantes d'Haïti (FEPH), Association des Professeurs de Français en Haïti (APROFH), Association Professionnelle d’Écoles Privées (APEP), Haïti Futur, Institut Supérieur de Formation des Enseignants (INNOVED), World Vision Haïti, Centre d'Education pour Tous (CET), Institut de Développement personnel et Organisationnel , Agence Adventiste de Développement et de Secours (ADRA), Institution Georges Marc, Lycée Alexandre Pétion, Lycée du Cent Cinquantenaire, Fondation Bohio Ayiti (France). Agenda : -Présentation de l’INEE -Situation de l’éducation dans le contexte d’insécurité actuel (témoignages) -Accompagnement en bien-être et soutien psychosocial à destination des différents acteurs de l’Education en Situation d’Urgence (ESU) -Perspectives/Suggestions/Stratégies -INEE (Emeline Marchois, facilitatrice de la communauté de langue française de l’INEE) Le réseau inter-agences pour l’éducation en situation d’urgence (INEE), créé en 2000, travaille pour favoriser l’accès de tous à une éducation de qualité, sûre et pertinente en temps de crise. Ses actions visent à encourager les travaux collaboratifs entre les agences, partager les informations. L’INEE apporte également un soutien technique à ses différents membres. Elle est constituée de plus de 21000 membres (ONU, ONG internationales et nationales, Ministères de l’éducation, bailleurs, institutions académiques, enseignants, étudiants), de 150 organisations dans 190 pays. Le réseau est ouvert et gratuit. Talot Bertrand est le point focal INEE pour Haïti. [email protected] -Témoignages des acteurs de l’éducation sur le contexte actuel en Haïti :
L’insécurité prégnante dans les environs ne permet pas aux élèves d’accéder à l’école et de retourner à leur domicile (rafales de mitraillettes constantes dans les rues). De plus, du fait de l’insécurité alimentaire dans laquelle se trouve la majorité des familles de la zone, les élèves, viennent le ventre vide et préfèrent quitter plus tôt l’établissement dans l’espoir, plus qu’incertain, de pouvoir trouver à diner à leur retour dans leur domicile. Enfin, les élèves se retrouvent totalement livrés à eux-mêmes, certains habitent chez de la famille ou des amis, ou on leur fourni un petit coin pour dormir, sans accès à l’électricité. Ces conditions de vie déplorables accentuent les préoccupations mentales de ces élèves. Ainsi, ces trois facteurs d’insécurité démontrent un besoin urgent en appui psychologique à destination de ces élèves. Il y avait deux volontaires l’année dernière, qui assuraient un suivi psychologique, mais ceux-ci ont quitté le pays du fait de la situation sécuritaire. Actuellement, le directeur fait de son mieux, mais cela n’est pas sa formation et lance un appel pour que son établissement puisse bénéficier d’un tel appui, mais également, un soutien alimentaire afin de fournir au moins un repas dans la journée pour les élèves. L’école a été fondée en 1957 par le grand-père du directeur actuel, elle a toujours eu de bons résultats au niveau des examens du ministère mais cette année, le directeur se retrouve face à une véritable impasse. Cependant, l’établissement a pu profiter de la plateforme LEKòL, plateforme d’éducation à distance, et donc d’assurer une certaine continuité des apprentissages.
Tous les acteurs de l’école sont touchés par cette crise : Les élèves, en difficultés d’apprentissage, en insécurité alimentaire, angoissés par l’insécurité qui règne dans les rues, Les enseignants, obligés de quitter leur domicile, déplacés à plusieurs reprises chez des voisins ou de la famille du fait de l’insécurité, situation qui les met dans des conditions de travail impossibles, Les directeurs, subissant les pertes énormes en effectif et donc se retrouvant en difficultés pour assurer le fonctionnement économique de leur établissement, Les parents, en grande difficulté économique, sans logement, sans emploi. Ainsi, à la vue de ces constats, le pays vit une véritable catastrophe qui met en péril le devenir d’Haïti. Tous les jeunes déscolarisés sont les futurs membres de gangs du pays (la situation s’est déjà produite en 2010 après le tremblement de terre). L’APEP regroupe un réseau de 45 écoles dans la région de Port-au-Prince, et développe régulièrement avec ces écoles des programmes de formation.
Initialement, l’association ne regroupait que des professeurs de français et de littérature, puis, en 2013, elle a accueilli les professeurs de créole. L’APROFH est implantée dans plus de 200 écoles publiques et privées du pays, où travaillent ses adhérents. Ils participent régulièrement aux différentes activités développées par l’association, des formations continues pour les enseignants et des concours scolaires destinés aux élèves. L’APROFH collabore avec de nombreuses associations à caractère éducatif et culturel ainsi que des organisations partenaires internationales et nationales (SCAC de l’Ambassade de France, Soutien Haïti basée à Toulouse, les alliances françaises d’Haïti, l’OIF, la Fédération Internationale des Professeurs de Français, l’Association Québécoise des Enseignants de Français Langue Seconde, la Direction Nationale du Livre, la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH), le Centre Education pour Tous (CET), le Centre pour la formation de l’excellence, de la culture et de la citoyenneté (CPECC) fondé et dirigé par Gary Victor, Solidarité Laïque, etc.). Depuis environ deux ans, l’association ne gère que des problèmes liés à l’insécurité vis-à-vis de ses adhérents (enlèvements des adhérents et participation au paiement des rançons), relogement de professeurs obligés de quitter leur domicile, solidarité en espèces et en nature avec des enseignants qui n’ont pas reçu de salaires (particulièrement dans les écoles privées). Face à ces problèmes, l’association a créé une caisse de solidarité et mis en place un appui psycho-social pour venir en aide à ces professeurs et à leurs familles. Ainsi, les activités de l’association sont gravement impactées par la crise et celle-ci doit aussi faire face à une baisse du soutien de la part de leurs partenaires internationaux. Deux activités destinées au public élève sont dans l’impasse actuellement : l’impression et la vente-signature du recueil de nouvelles de la 6e édition du concours national scolaire de nouvelles parrainé par l’écrivaine Canadienne, India Desjardin ; la diffusion dans les 10 départements de la 7e édition dudit concours dont l’incipit est de l’Académicien Dany Laferrière. Cependant, elle maintient plusieurs activités notamment par la création conjointe d’une application « LEKòL » en ligne qui apporte un soutien scolaire à plusieurs milliers d’élèves à Port-au-Prince et dans des villes de province. L’application rencontre un franc succès, mais les associations partenaires (APROFH, CET et LEKOL) par manque de moyens financiers n’ont pas la possibilité de développer la plateforme afin de satisfaire toutes les demandes de téléchargement.
La crise actuelle impacte considérablement le lycée. En effet, celui-ci « accueille » environ 2000 déplacés suite à la crise au niveau ce Carrefour Feuille, ce qui empêche la réouverture de l’établissement depuis le début de l’année scolaire 2023/2024. Il est à noter que depuis le COVID, et les deux années d’insécurité due aux gangs, l’effectif du lycée est passé de 3000 élèves à 1200. Dans le camp, il existe de très nombreux et complexes problèmes ; on y retrouve des professeurs de l’établissement qui sont des déplacés, ainsi que des élèves et des parents d’élèves. Le camp fait face à un manque cruel en nourriture, en soin et en produits d’hygiène, provoquant une situation d’insalubrité dans l’espace. Le lycée ainsi que deux autres établissements (Marie Jeanne et Dessalines, qui ne fonctionnent pas également) ont besoin d’une aide d’urgence de la part des organisations internationales pour faire face à cette situation catastrophique. Au fur et à mesure des jours, la situation dans le camp se dégrade, les déplacés expriment de plus en plus fortement leur colère face à la non réponse des différentes institutions étatiques et internationales. Un grand nombre d’élèves, déplacés ou non nécessitent un soutien psychologique, pour palier à ce besoin, la direction effectue des thérapies de groupes, mais cela n’est pas suffisant.
Son institut accompagne la population depuis 1991, notamment par l’organisation de séminaires à destination des populations nécessiteuses en collaboration avec l’APEP. L’institut travaille actuellement avec des psychologues afin de renforcer leurs compétences pour les rendre apte à encadrer les enseignants dans le domaine du soutien psychologique. Un programme d’encadrement a été développé dans une trentaine d’écoles en collaboration avec l’APEP. Les ressources humaines sont présentes, disponibles, formées et motivées, seuls les fonds manquent pour développer des programmes de soutien psychologique et faire face à l’immensité des besoins.
17 écoles dans le Sud-est n’ont pas encore reçu les équipements en panneaux solaires et il manque une centaine de TNI. Le MENFP devait assurer la fin des installations des équipements et la maintenance, mais pour le moment, ce n’est pas encore le cas. Haïti Futur se charge donc des éventuelles réparations à effectuer sur les équipements apportés. Beaucoup d’écoles du projet sont impactées par les gangs (une école à Lafiteau a été entièrement pillée par les gangs, une autre à Laboule qui a été menacé, et d’autres écoles dans les zones de Cité Soleil, Croix des Bouquets et Martissant, ou l’accès est impossible). Haïti Futur a également développé des cours sur internet et des formations à distance, sur les jardins scolaires et les échecs. Concernant la formation aux échecs, un stage s’est déroulé à Cité Soleil et une des participantes a été sélectionnée aux olympiades des échecs en Inde. Les cours développés par Haïti Futur sont disponibles sur le site du MENFP. Par la suite, ces cours seront produit également sous format Powerpoint afin d’augmenter leur accessibilité.
Le CET regroupe des personnalités d’horizons divers: professeurs, psychologues, travailleurs sociaux, médecins, infirmières, ingénieurs, ingénieurs-agronomes, etc. Elle a été créée par la volonté conjointe d’un groupe de professionnels pluridisciplinaires en vue de venir en aide aux couches défavorisées de la population et particulièrement aux jeunes dans les domaines de l’Éducation, de la Santé notamment. Le fonctionnement du CET repose sur le bénévolat, le volontariat, la conscience et la responsabilité. Notre principal partenaire est l’Association « Soutien Haïti », basée à Toulouse qui nous aide à tous les points de vue dans toutes nos activités et dans tous nos problèmes. Les membres, des retraités pour la plupart, collaborent avec nous comme s’ils vivaient en Haïti. CET-Soutien Haïti, c’est un modèle de solidarité et de coopération exemplaires. Nos soucis actuellement Grâce à Soutien Haïti, basée à Toulouse, en France, le CET finance des études pour une cinquantaine de jeunes méritants. - Les demandes d’allocation-études ont été multipliées par 10 depuis 2 ans alors qu’on ne fait pas de publicité. Le Centre n’a pas les moyens d’y répondre. Des requêtes dans ce sens nous arrivent même des villes de province. - Depuis 1 an, le centre doit héberger et nourrir également la moitié des boursiers, en proie à de graves difficultés. Surtout les filles victimes d’agression sexuelle dans leurs quartiers où sévit la terreur des gangs. De ce fait, les moyens viennent à manquer. - Souci pour faire fonctionner l’école Pierre Labitrie, créée conjointement par le CET et Soutien Haïti en 1995, dont certains enfants ne peuvent même pas acheter les uniformes et des chaussures pour venir à l’école cette année. Quelques réalisations du CET L’Association a au cours des ans réalisé un ensemble d’activités et de projets dans les domaines suivants : Education, Santé, etc. 1. Création de 2 écoles primaires gratuites dont l’école Pierre Labitrie créée à Cité Soleil et qui est devenue en 2002 la première école municipale de la commune de Delmas. 2. Une cinquantaine de bourses d’études tous les ans à des jeunes doués mais pauvres au niveau secondaire et universitaire (programme de parrainage). 3. Mobilisation des boursiers du CET en vue d’aider les élèves dans les écoles des bidonvilles et des zones rouges en fonction de leurs compétences. 4. Partenariat avec une douzaine d’écoles qui reçoivent des ouvrages, du mobilier et de la formation pour les professeurs. 5. Environ quatre séminaires de formation par année destinés à des professeurs d’écoles situées dans les bidonvilles. 6. Création de deux écoles du soir pour adultes. 7. Projection de films à l’intention des jeunes des quartiers défavorisés et des établissements scolaires publics et privés de Port-au-Prince. 8. Encadrement d’autres associations 9. Encadrement pédagogique à l’Ecole Municipale Pierre Labitrie de Delmas 10. Partenariat avec la Mairie de Delmas 11. Distribution de mobilier, d’ouvrages à plus d’une dizaine d’écoles partenaires, en majorité des écoles publiques. Le Centre pour pouvoir assurer ses différentes activités et partenariats a besoin de soutien financier de la part des bailleurs de fonds.
Carrefour-Feuilles, grand bidonville situé au sud de la capitale, était à feu et à sang à la mi-août. Des bandits ont lancé une attaque massive sur les résidents de Carrefour-Feuilles à partir du quartier de Savane Pistache avec pillages, exécutions sommaires, viols, incendies occasionnant le déplacement de plusieurs milliers de personnes. C’est pourquoi cette agglomération (Carrefour-Feuille) fournit le plus gros contingent de ces milliers de déplacés internes prenant refuge au sein de ces écoles publiques du Centre-Ville qui ne disposent pas d’infrastructures sanitaires et autres pour accueillir cette masse de personnes. Les cours de ces écoles deviennent de véritables cloaques. De nombreux quartiers de la capitale avaient déjà connu ces assauts des bandits avec les mêmes conséquences. Résultat : plusieurs milliers d’élèves, en majorité de l’enseignement public, se sont vus refuser l’accès à l’école dans l’indifférence des autorités. Les locaux des lycées du Cent-Cinquantenaire et de Marie-Jeanne en construction depuis 2012 ne sont toujours pas prêts. Les fonds décaissés avaient été détournés. Le chantier du local du lycée du Cent-Cinquantenaire devient depuis quelque temps un espace pour les entrepôts d’un homme d’affaires bien connu de la capitale. Les containers y entrent et sortent à longueur de journée, se substituant à la place des firmes de construction. Le lycée du Cent-Cinquantenaire fonctionne actuellement avec une double vacation pour les 1200 élèves présents. Mille le matin et deux cents l’après-midi, cependant, pour les élèves de l’après-midi, ceux-ci sont obligés de quitter à 16 heures, soit au bout de deux heures de cours, afin de rentrer le plus tôt possible en raison de l’insécurité ambiante. Cette situation ne permet pas de réaliser l’ensemble du programme scolaire prévu pour une année. Pour le lycée Marie-Jeanne qui devait déménager dans son nouveau local inachevé, il n’y a que 14 salles de classes construites alors qu’il devrait y en avoir 24. Conséquence : presque la moitié de l’effectif des élèves dudit lycée serait renvoyée faute de places. Beaucoup d’élèves dans des écoles privées ont, par ailleurs, abandonné les cours parce que leurs parents sont économiquement ruinés et ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Sans parler de ceux qui se sont rendus en province, n’ayant plus de toits à Port-au-Prince parce que leurs quartiers sont occupés par des gangs qui volent, violent et massacrent les riverains en toute impunité. Pour finir, un grand nombre de professeurs sont sans domicile fixe après avoir été chassés de leurs quartiers par les gangs.
En plus de ces élèves, 157 professeur du fondamental ont bénéficiés de formation.
L’école est située non loin du terminal de Varreux. L’effectif de l’école comprend 625 élèves, qui font partie des plus démunis de la zone. En juillet 2022, l’école a été occupée par les gangs pour cause d’affrontement avec la police. Lors de l’opération de reconquête de la zone, en novembre de la même année, la police a détruit 4 salles de classe ainsi que la dalle de la cour de l’école. Jusqu’à ce jour, aucune reconstruction n’a été effectuée. Au fur et à mesure que les jours passent, les problèmes ne cessent d’augmenter. L’école doit faire face à l’abandon des professeurs. En effet, ceux-ci quittent la zone, pour des raisons d’insécurité et des raisons économiques. Ceux qui restent doivent affronter au quotidien les difficultés inhérentes de la zone (présence de nombreux hommes armés et violents dans les rues, rafales de tirs permanentes, difficultés de trouver des transports, voiries inexistantes, insalubrité). Les enfants sont également les premières victimes de cette situation. Ils s’endorment et se réveillent avec le fracas des armes quotidien. Ils subissent la violence et les viols. Certains d’entre eux, en échange de nourriture ou de quelques gourdes se retrouvent à participer à des crimes. Ainsi, c’est une jeunesse perdue, démotivée, sans perspective d’avenir et consommatrice de la violence qui vit dans cette zone. L’école a donc un énorme besoin de soutien psychologique pour les élèves, les enseignants ainsi que les parents. Suite à l’occupation de l’école, le peu de matériel pédagogique et didactique a été pillé, l’école nécessite un don de matériel pour assurer un enseignement de qualité. Il est impérieux également de fournir des formations pédagogiques ainsi qu’en appui psychologique à destination des enseignants. Enfin, les moyens financiers manquent cruellement pour payer les salaires des enseignants.
L’INNOVED a réalisé des formations sur le bien-être à destination des enseignants et ces formations sont à développer. Le développement du numérique est une des clés pour assurer l’accès et la continuité de l’éducation. Du point de vue communautaire, les personnes sont là, elles font certes avec les moyens du bord, mais, les communautés arrivent à trouver des solutions pour continuer l’éducation au sein des quartiers et des villages. Les projets développés par les organisations internationales et les ONG ne sont pas assez ciblés sur les besoins des communautés, une implication en amont et tout au long des différentes phases des projets en éducation est souhaitable de la part de ces organisations pour assurer une réelle efficacité et une pérennité de ceux-ci.
Depuis 2019 au moins, la situation sécuritaire est devenue très précaire. Les zones les plus affectées sont Pernier, Croix-des- Bouquets, Canaan, Tabarre, Bon-repos, Cité Soleil, Martissant, Fontamara, Carrefour-Feuilles, Centre-Ville de Port-au-Prince et Bas-Delmas. Des combats entre groupes armés afin de conforter leur mainmise sur certains territoires de la capitale. De nombreux cas d’enlèvements contre rançon, actes de cambriolage et de vols à mains armées, des assassinats à répétition et des déplacements forcés (touchant particulièrement les enfants). La vie nationale est davantage paralysée depuis le 12 septembre 2022 (pénurie de carburant). Une crise sécuritaire ponctuée par la résurgence de l’épidémie de choléra. L’entrée Sud de la capitale reste impraticable. La route internationale menant en République Dominicaine, par Malpasse, est aussi inaccessible. Les entrées Nord et Centre de la capitale connaissent de sérieuses perturbations. Impact sur le système éducatif haïtien Plus d'une école sur quatre est restée fermée depuis octobre 2022. 130 000 enfants déplacés à Port-au-Prince et risquent de ne pas retourner à l'école et sont traumatisés. Les coûts de fonctionnement des écoles augmentent en raison de la vie chère (et l’argent réclamé par les gangs pour assurer la sécurité des vies et des biens). Les enfants accumulent la perte de jours de classe. Cas de l’Ecole Véréna à Delmas 2 Établissement scolaire théâtre d’affrontements entre groupes armés à la fin du mois de septembre 2023, qui a occasionné la perte importante de matériels scolaires La reprise des classes est à l’essai par WhatsApp. Les droits à la protection et l’éducation gravement menacés pour près d’un millier d’enfants. Impacts de la situation sur les actions de la FEPH en tant qu’institution Les activités d’encadrement scolaire sont fortement perturbées. Particulièrement, difficultés des équipes de la FEPH à se déplacer. L’application des mesures de contingence coûte chère. Les financements sont en nette diminution tandis que les besoins ne cessent d’augmenter. Des personnes, se réclamant de gangs armés, appellent souvent au bureau de la FEPH pour demander de l’argent en vue d’assurer la sécurité du bureau. Ceci a nécessité la relocalisation du bureau central qui a repris un fonctionnement plus ou moins normal. Risque de baisse de productivité chez les collaborateurs. Cessation de certains accords de partenariat. Domaines d’actions et de partenariat de la FEPH 1) Appui à la scolarisation des enfants victimes des violences des groupes armés. Prise en charge des frais scolaires. Dotation des écoles de manuels scolaires. Distribution de fournitures scolaires. Cantine scolaire. 2) Appui psychosocial. Transfert monétaire aux familles. Relocalisation d’espaces scolaires. Cours de rattrapage pour les élèves. Accès à l’école pour les enfants en dehors du système éducatif. Plaidoyer 3) Education à distance 4) Renforcement des capacités des enseignants et des chefs d’établissement scolaire 5) Appui psychosocial 6) Éducation à la paix et à la non-violence 7) Discipline positive. Les besoins et les souhaits de la FEPH
Le fait de se réunir, de parler au sein d’une communauté contribue au soutien psycho-social et émotionnel. Le psycho regroupe différents sentiments : les pensées, les besoins, les émotions, les valeurs et les croyances Le social est caractérisé par les liens que chacun peut établir avec d’autres individus au sein d’une communauté (le relationnel) Pour favoriser le bien-être, les actions sont les mêmes indépendamment de l’âge des individus. Le développement d’une attitude positive et favorable vis-à-vis de soi-même permet par la suite de détecter et prévenir le mal-être chez les autres. Processus favorable au sentiment de bien-être chez les personnes :
Pyramide d’intervention en matière de favorisation du bien-être La création d’une caisse de solidarité par l’APROFH est un exemple de soutien de la communauté.
Les solutions existent, les différents témoignages apportés au cours de cette rencontre, montrent que plusieurs organisations communautaires et locales ainsi que des directeurs et professeurs d’écoles agissent pour permettre un accès et une continuité de l’éducation dans les zones les plus impactées par la crise des gangs et promulguent un soutien psycho-social. Pour les aider et amplifier ces actions, plusieurs réponses (suggestions ?) sont possibles :
Permettre au projet Haïti Futur de pouvoir s’implanter dans d’autres écoles au niveau national. Concernant la plateforme LEKòL, véritable plateforme d’éducation à distance et espace d’apprentissage impliquant les élèves, professeurs directeurs et parents donc permettant un suivi et une évaluation des élèves, donner les moyens à cette association sociale afin de pouvoir développer cette plateforme et d’augmenter les inscriptions des écoles sur celle-ci.
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1. Résultats examens, rôle de la plateforme LEKòL, travail des Jeunes Volontaires
Le MENFP vient de publier les résultats des examens officiels. Les jeunes volontaires du CET (JVC) opérant dans le Sud ont reçu une pluie de félicitations, de cadeaux de la part des élèves et de plusieurs directeurs d’écoles. Grâce à la plateforme LEKOL, ces jvc ont apporté un soutien académique aux élèves d’une quinzaine d’écoles tout au long de l’année écoulée. Auto-évaluations à travers des Quiz, téléchargement de cours, de devoirs, d’exercices, l’expérience, malgré les problèmes de toutes sortes, a été concluante. Résultat : beaucoup d’élèves ont témoigné avoir réussi grâce à cet accompagnement. Des paniers de vivres alimentaires, de fruits, de l’argent aussi ont été offerts aux jvc. Une ONG, Caritas, a beaucoup contribué également par la fourniture de l’accès à l’énergie et l’Internet. Dans le Sud, les gangs n’arrivent pas à s’installer. Ils sont chassés à chaque tentative. Mais y a beaucoup de problèmes économiques depuis le séisme d’août 2021. L’ambiance n’a pas été différente à Port-au-Prince dans la capitale. Le CET a organisé des cours de rattrapage pendant 9 semaines environ. Les élèves des écoles secondaires publiques évoluant dans les zones rouges ont été les principaux bénéficiaires. Les élèves ont eu les mêmes réactions : on a réussi grâce à vous. Quand nos JVC se présentent dans certaines de ces écoles après la publication officielle des résultats, c’est la fête. Ils sont accueillis en héros. Des applaudissements, des cris de joie, des accolades. La directrice d’un lycée souhaite organiser une petite fête à l’honneur des jvc pour les services rendus et leur précieuse contribution au taux de réussite des élèves. Faut préciser qu’à Port-au-Prince la plateforme a été utilisée surtout pour les Quiz d’auto-évaluation. C’est la craie, les tableaux et aussi le grand écran à partir des exposés magistraux de nos jvc. Une faculté de l’Université d’État, IERAH, a bien voulu offrir son auditorium avec toutes les installations le week-end pour ces séances de rattrapage au bénéfice des écoles publiques des zones rouges. Le fascicule de Maths envoyé par SH depuis les années 2000 a été beaucoup utilisé dans le cadre de ces séances de rattrapage à PAP. Les remerciements avaient déjà démarré à la fin de la période des examens. Faut aussi préciser que le taux d’échec est cuisant surtout dans le département de l’Ouest, bastion des gangs. En pièce jointe, le tableau des résultats globaux à l’échelle nationale. Selon les informations communiquées par le Bureau national des examens d’État (BUNEXE), le taux de réussite au niveau national est de 36, 38% soit 37 354 candidats admis sur 102 680 participants. C’est dans ce contexte d’échec que les jvc ont aidé des centaines voire des milliers de jeunes à réussir. 2. Situation des écoles à Port-au-Prince, climat d’’insécurité, classes interrompues, professeurs non payés Ajoutons qu’à Port-au-Prince le climat d’insécurité et aussi les longues grèves des profs pour des arriérés de salaire avaient boycotté les cours pendant toute l’année dans les écoles publiques notamment. On n’a même pas eu l’équivalent de 3 mois de cours sur les 10 mois prévus. Les lycées des zones rouges avaient démarré l’année scolaire avec 2 mois de retard et ont dû ensuite gagner les rues pour demander au MENFP de payer les profs qui ne venaient pas travailler. Par ailleurs, certains lycées sont carrément inaccessibles parce que situés dans les zones rouges où les affrontements entre gangs et les représailles contre les populations sont fréquentes. Voilà pourquoi l’apport des jvc a été aussi apprécié cette année particulièrement. Le problème de la quantité de jours de classe concerne toutes les écoles, privées ou publiques, celles du département de l’Ouest en particulier. 3. Le CET toujours présent ! Nous sommes très fiers d’être utiles à notre tour, de pouvoir aider nos prochains malgré cette période difficile. Nous ne lâcherons pas avec ou sans aide de l’extérieur, on continuera de manifester cette solidarité comme on peut, quand on peut. C’est l’occasion de remercier tous ceux et toutes celles de l’extérieur qui nous aident moralement, financièrement depuis des années durant. C’est ce genre de solidarité qui sauve ce monde égoïste. Merci au professeur Etienne qui reste en contact permanent avec nous en répondant sans tarder à tous nos messages malgré son absence du pays. Le professeur a dû abandonner chez lui depuis plus d’un an et aujourd’hui c’est notre encadreur, l’écrivain Gary Victor, qui a dû fuir sous la pression des gangs. Mais malgré tout, ils ne sont pas découragés, ils restent connectés avec nous, avec la jeunesse, avec les activités. Ce sont des modèles de combattants. 4. Programme d’aide aux études Dans le Sud, la présence et le travail des jvc ne sont pas passés inaperçus du tout. Ils sont donc victimes du succès de leur travail. Quand des directeurs d’écoles et des parents ont su qu’il y avait un programme d’aide aux études pour des élèves méritants, on est inondé de demandes de parents. Quand on leur a demandé de documenter ces demandes comme on fait à Port-au-Prince, les jvc opérant dans le Sud ont fait une liste partielle des candidats aspirant à cette aide pour leurs études. Cette liste est en pièce jointe. 5. La situation sécuritaire va de mal en pis Depuis quelques années la situation sécuritaire en Haïti va de mal en pis. La mort du président Jovenel Moïse en 2021 a aggravé la crise socio-politique. Toutefois, la situation a quelque peu amélioré avec le mouvement Bwa Kale durant le 2ème trimestre de l'année 2023. Ce mouvement mené par la population consistait à stopper des présumés bandits. Vous en savez long et parfois mieux que nous sur la dégradation accélérée de la situation avec la presse et les réseaux sociaux. Nous vous remercions pour toutes les informations envoyées, la situation de l’écrivain Gary Victor qui continue à produire beaucoup malgré tout. Le professeur Etienne et l’écrivain Gary sont 2 lutteurs infatigables. Malgré le séjour prolongé du professeur, il est encore plus engagé, plus efficace à nos côtés et dans toutes les activités qu’on mène. Il est même plus présent on trouve. L'année scolaire a été bâclée avec l'insécurité et la crise politique. Malgré tout cela, les examens officiels se sont tenus le mois de juillet. Au CET, notre milieu est très touché par l’insécurité. Lexis Sainlius, regretté gardien d'une des maisons du CET et responsable du stockage et de la distribution des kits alimentaires, a été assassiné chez lui. Sans compter les nombreux jvc qui ont dû abandonner leurs maisons avec le reste de leur famille. Cependant, nous continuons de nous impliquer. 6. Les Jeunes Volontaire du CET Parmi les jeunes volontaires du CET, nous avons eu 2 groupes : certains œuvraient dans le Sud et plus de 15 autres dans l'Ouest pour rendre accessible la plateforme Lekòl afin de permettre à des élèves de bénéficier des cours sur la plateforme. Il a fallu pour cela augmenter la capacité d'accueil de la plateforme ce qui a nécessité des frais supplémentaires pour l'hébergement et augmenter la capacité d’accueil. On a aussi ajouté une autre fonctionnalité. La plateforme a été suspendue après les examens pour faciliter le travail des techniciens essayant de la rendre plus performante. (en pj, sondage destiné aux utilisateurs de LEKòL) 7. À l’école Pierre Labitrie
8. Les actions du CET
Gary Victor en danger Le grand romancier haïtien Gary Victor a dû fuir sa maison, en raison de la terreur qui règne au quartier de Carrefour-Feuille où des centaines de personnes fuient les lieux. Sa mère avait été évacuée avant ainsi que son frère et deux de ses nièces. Aux dernières nouvelles plusieurs demeures auraient été incendiées par les bandits. Le quartier de Carrefour-Feuilles est assiégé par des gangs armés depuis le mois d’août. Situation déplorable d’autant que Gary Victor, l’écrivain le plus lu d’Haïti, est le chantre de ce quartier des classes moyennes, qui a une place importante dans son œuvre. Son dernier livre, Le violon d’Adrien, paru récemment en Amérique du Nord et en Europe, se déroule dans ce quartier bien connu de Port-au-Prince. À Mémoire d’encrier, nous ne savons pas comment réagir face au malheur qui s’abat sur toute une population. Peut-être qu’une pensée ou un mot à Gary pourrait aider à voir plus clair dans ces chemins ténébreux qui endeuillent la population haïtienne. Comment dire courage? Comment dire tendresse? Comment dire demain en Haïti? Quelqu’un aurait peut-être l’art et les mots. En attendant ce magicien heureux, mon cher Gary, mon vieux frère, tu n’es pas seul, et quelque part, tes livres nous rassemblent. Tant mieux. Message de Soutien Haïti à Gary Victor :
Très cher Gary, Après Étienne, c’est toi, Gary qui es contraint de partir. Sentiment de colère mêlé à un sentiment d’impuissance, ton chemin est le nôtre, ceux qui restent comptent sur leurs forces, Étienne et toi, même loin, avec eux. Sois préservé de grande « Détresse », magicien des mots, pour annoncer dans vingt ans « m’ la ankò » ! Tout le bureau de Soutien Haïti. Le peintre Maxan Jean-Louis anime en mai et juin 2023 un atelier d'expression artistique avec les élèves de l'école Pierre Labitrie Nos partenaires du CET visitent régulièrement l'école Pierre Labitrie et s'assurent de son fonctionnemet, des besoins du moment, discutent autour des projets pédagogiques. Quelques vues de la visite du mois de mai 2023. À lire ci-dessous le récent compte-rendu du Centre d'Éducation pour Tous qui fait état des difficultés rencontrées et des réalisations opérées depuis ces derniers mois. À l'école Pierre Labitrie, une rentrée sporadique, mais aussi de gros travaux sur les bâtiments, Pour le CET, les bourses d'étude, des kits alimentaires, un hébergement sécure pour une dizaine de jeunes filles, la plateforme numérique LEKÒL... Dans le chaos, ils maintiennent leurs actions. Aperçu des travaux sur les bâtiments, financés par une ONG des États-Unis qui aide les jeunes en situation de handicap La cour de l'école 2023 après les travaux Le repas Le rapport du CET, reçu le 04 avril 2023 Bonjour à toute l’équipe de Soutien Haïti,
Nous nous excusons du retard enregistré pour envoyer ce rapport fait depuis environ 1 mois. Professeur Etienne nous avait dit d’envoyer absolument dans le rapport des photos du fonctionnement de l’école Pierre Labitrie et des actions dans le Sud mais on n’avait pas de photos sauf sur le chantier de l’école. On a dû aller en chercher mais ça a pris du temps. Les jeunes du Sud travaillent beaucoup mais ils n’ont jamais pensé à prendre des photos avant, surtout qu’ils ne disposent pas de téléphones intelligents qui se vendent cher ici. L’école Pierre Labitrie, elle, ne fonctionnait pas. Les cours ont été récemment suspendus d’abord à cause de l’insécurité et ensuite en raison des travaux de construction des sanitaires, de la tuyauterie, de la pose de céramiques, etc. Compte tenu de la poussière soulevée, la direction a dû reporter la reprise des cours jusqu’à l’achèvement des travaux. Le CET a mobilisé une équipe comme un groupe de supervision pour faire avancer au plus vite les travaux en vue de réduire le nombre de jours perdus. On vient juste de recommencer les cours. Port-au-Prince, la capitale, et beaucoup de régions du pays deviennent une grande prison à ciel ouvert. On a peur de sortir, on a peur d’être kidnappé, peur d’être au mauvais moment au mauvais endroit, peur d’être victime d’une fusillade, ce qui est courant depuis quelque temps, peur aussi de prendre une balle perdue parce qu’il y a tellement de blessés et de morts par balle perdue. Des professeurs, des élèves, des habitants de quartiers pauvres sont souvent victimes de balles perdues ces jours-ci. La situation est terrible. On dirait qu’on est en Ukraine, vous ne pourrez pas imaginer la situation. C’est l’enfer. Il y a des familles qui ne peuvent même pas venir chercher leurs kits alimentaires alors qu’elles en ont cruellement besoin. Les bandits des zones rouges interdisent aux gens de quitter les quartiers sous peine d’être assassinés. Professeur Etienne nous dit souvent que vous êtes informés régulièrement de la situation en Haïti, des massacres, des incendies de maisons, de voitures, des viols collectifs, des déplacements sans cesse de population aux abois, etc. Voici un lien du plus grand quotidien du pays qui résume la situation. https://lenouvelliste.com/article/241408/plus-de-civils-meurent-en-haiti-quen-ukraine L’école Pierre Labitrie fait face à la situation de chaos généralisé qui sévit dans le pays, ceci explique un déficit dans le fonctionnement tant académique et administratif. L’école n’a fonctionné que quelques semaines depuis la rentrée officielle ratée en septembre. C’est le cas pour la grande majorité des écoles. Des estimations révèlent qu’environ 1/2 million d’enfants n’ont toujours pas pu se rendre à l’école parce que leurs quartiers sont occupés par des gangs. Grand retard dans les programmes scolaires établis par le MENFP, course contre la montre des professeurs sur les notions à chaque période de cours. La cantine fonctionne heureusement. Cela manque beaucoup aux élèves quand il n’y a pas de cours pour des raisons diverses. Voici une description sommaire des activités menées durant le premier trimestre de l’année académique 2022-2023 : 1.Travaux de réhabilitation de l’espace physique de l’école et installation d’un point d’eau pour les enfants. C’est une ONG qui intervient pour rendre des locaux publics accessibles aux handicapés. Le CET fait les démarches depuis 2 ans mais il y a toujours eu un blocage de la part de la mairie. Les autorités ne sont pas accessibles pour discuter parce que l’éducation est le cadet de leurs soucis. L’autorisation a été enfin donnée pour le démarrage des visites et des études, il y a quelques mois. Le local de Pierre Labitrie est presque à neuf maintenant. C’est la fête : tout le monde est content. 2.Le laboratoire informatique déménagé de l’étage vers le rez-de-chaussée pour faciliter l’accès aux personnes en situation de handicap. La formation aux NTICs a été reportée 2 fois en raison de l’insécurité d’abord et des travaux ensuite. À un moment, presque tout le monde était assigné à domicile ; personne ne voulait sortir, craignant d’être kidnappé. L’école est dotée d’un mini système solaire pour alimenter le labo mais en attendant les profs l’utilisent pour recharger leurs téléphones portables et autres appareils parce l’électricité n’existe presque pas dans la capitale plongée dans le noir complètement depuis des mois. 3- Abandon de 3 professeurs parce que trop d’arriérés de salaire. Ils ne peuvent pas continuer à répondre à leurs obligations. Nous avons également des professeurs qui se sont fait remplacer pour la continuité des cours. À noter : nous avons appris depuis que ces trois professeurs ont été réintégrés. 4- Subvention à un certain nombre d’élèves de Pierre Labitrie qui n’ont pas les moyens de se procurer : uniformes, fournitures scolaires, livres, chaussures, etc. 5- Bourses d’étude accordées à une quarantaine d’étudiants sur 320 demandes cette année. On a privilégié les écoles professionnelles pour ces quelques raisons : cycle d’études plus court, moins coûteux, plus de garantie d’emploi au terme de la formation. 6- Vu la crise économique aiguë, CET a décidé de voler au secours des familles de boursiers en utilisant une bonne partie de son budget pour faire don de kits alimentaires aux familles des boursiers. 7- Renouvellement prochain de l’hébergement d’une dizaine de jeunes filles de notre réseau en difficulté dans des quartiers attaqués par des gangs armés. Ayant subi toutes sortes de violences physique et psychologique, une aide logistique leur est offerte. Elles bénéficient également des kits alimentaires mais leur situation économique est très difficile. Les parents envahissent la maison qui est maintenant bondée de personnes en raison de la flambée de violences dans les quartiers pauvres de la capitale. Le propriétaire est mécontent, professeur Etienne devait le rencontrer mais il ne l’a pas fait encore. Les besoins en nourriture augmentent, l’eau manque cruellement, bref une situation difficile à gérer pour le moment. 8- Offre de services continue de la plate-forme éducative (cours à distance) par des anciens boursiers. Plus de 4 ans après sa création la plate-forme se trouve encore dans l’impasse car victime de son succès : manque de moyens logistiques et économiques pour répondre aux demandes des écoles. Priorité aux écoles dans le Sud du pays après le tremblement de terre du 14 août 2021, pas de bibliothèque, pas de structures, etc. Nous souhaiterions étendre son utilisation à plus d’écoles sur la liste d’attente mais les coûts d’hébergement onéreux d’un site internet, la formation adéquate aux personnels des écoles ainsi qu’aux élèves et étudiants sur son utilisation, la maintenance et l’entretien de la plate-forme, etc. freinent notre élan. Projets à court terme
C'est peu de dire et répéter que le chaos s'installe en Haïti depuis des mois, des années... En ce début 2023, un membre du CET fait le point précis sur une situation hors de tout contrôle.
Témoignage Les gangs continuent d’étendre leurs tentacules dans plusieurs départements du pays tout en renforçant leurs structures dans l’aire métropolitaine où l’escalade de violences se poursuit sous toutes les formes. Entre temps, la direction de la police, elle, s’agite, lance en grande pompe des opérations semblables à des tempêtes dans un verre d’eau, car elles ne font pas reculer les bandits. Le pays s’enfonce chaque jour davantage dans le chaos. Extorsions, détournements de camions de marchandises, rançonnement systématique des transports en commun, multiplication et organisation des points de péage, viols collectifs sur des jeunes filles et des femmes, kidnappings contre rançons à répétition, torture des otages, fusillades, exécutions sommaires, massacres, le sang coule à flots dans la capitale ainsi que dans certaines villes de province. Pendant les mois de janvier et de février, à Port-au-Prince, ce sont les bandes à Vitelhomme, Ti Makak, et dans l’Artibonite, celles de Gran Grif qui occupent le devant de la scène par leurs exactions. (...) Les foyers de criminalité se multiplient dans le pays. Selon un rapport de l’ONU, la violence liée aux gangs, en Haïti, a atteint des niveaux jamais observés au cours de ces dernières décennies. Entre 2021 et 2022, les homicides ont augmenté de 25% et les kidnappings de 82%, des chiffres en dessous de la réalité. Pour faire face à la flambée des prix et au renchérissement du coût de la vie, des kits alimentaires sont fournis tous les mois à une cinquantaine de familles des Jeunes Volontaires du CET.
La réception en février 2023 de sacs de riz, haricots, harengs... Cinquante minutes de pure poésie dans le chaos recommencé, un pied de nez à la folie des hommes, c'est tout à la fois un documentaire précis, historique, scientifique que nous livre Arnold Antonin, avec des textes en créole de Gary Victor, Ainsi parla la mer.
Plusieurs de nos partenaires témoignent ou ont participé à sa réalisation |
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